Alina Szapocznikow nous invite ainsi à réfléchir à la relation entre l’œuvre d’un artiste et son environnement de production, son histoire, et soulève des questions fondamentales quant au travail de la mémoire – et sur la mémoire – qu’engage tout processus de création. La question de l’art en tant qu’empreinte et que ‘séquelle’ (aussi bien esthétique, physique et psychologique), ainsi que le potentiel cathartique de l’œuvre, sont au cœur de ses expérimentations plastiques. Le travail sur le corps devient ainsi le théâtre d’une confrontation violente entre soi et soi mais aussi, plus largement, l’arène où s’affrontent la grande histoire et la petite histoire. Et ce n’est pas limiter la portée de l’œuvre de Szapocznikow que d’apporter des éléments contextuels et biographiques pour l’éclairer : au contraire, ceux-ci rendent compte de façon d’autant plus saisissante de la manière dont l’artiste puisa – consciemment ou non – dans son expérience vécue, pour sublimer (conjurer, peut-être) une souffrance aussi bien personnelle que collective.